Chat et plateau
[1910 - 1911]
Natalia Gontcharova
Dans cette curieuse mise en scène, une chatte et sa portée côtoient étrangement un plateau orné d'un militaire moustachu coiffé d'un plumet blanc,
L'intérêt de Natalia Gontcharova pour l'art populaire et l'artisanat sous toutes ses formes s'inscrit dans le mouvement néo-primitiviste russe, dont elle est partie prenante. Gontcharova séjourne souvent à la campagne dans la région de Toula située au sud de Moscou. Son père y possède une fabrique de tissus et elle développe un intérêt particulier pour les étoffes traditionnelles qu'elle collectionne, comme le faisait Matisse à la même période. Les plateaux peints aux couleurs clinquantes, très en vogue à l’époque, apparaissent dans de nombreuses peintures des artistes de cette mouvance. Dans cette nature morte, l'artiste se plait à jouer du vrai et du faux en mettant sur le même plan son modèle, une chatte, avec des représentations. La chatte, qui fixe le spectateur en nourrissant ses petits, apparaît en effet sur fond de draperie à fleurs, et est surplombée par un plateau représentant un dignitaire perse. La nature morte met astucieusement sur le même plan l’animal bien vivant, aux préoccupations maternelles, avec l’image d’un souverain apparaissant victorieusement sur un plateau reproduit à des milliers d’exemplaires. Il s’agit du roi de Perse Nassereddine Shah (1831-1896) dont on trouve alors l’effigie sur quantité de vaisselle. Il n’est pas étonnant d’en trouver un exemplaire chez la peintre russe car une partie de cette vaisselle était produite en Russie.
Pour aller plus loin
Zoomez dans l'œuvre en haute définition
pour en explorer les détails