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La Lampe électrique

[1913]

Natalia Gontcharova

Au début du 20e siècle, la généralisation de la lumière électrique transforme profondément la vie quotidienne et inspire de nombreux artistes, notamment les artistes futuristes et la peintre Sonia Delaunay. La lumière électrique symbolise la modernité et fascine autant que la vitesse. Elle devient un sujet artistique en tant que tel, synonyme de dynamisme et d’éclat. Natalia Gontcharova traduit les effets de de cette source lumineuse moderne et les sensations qu’elle provoque, notamment par la diffraction des formes et des couleurs. Elle peint la propagation de la lumière en rayons ou en cercles concentriques, inspirée en cela par ses recherches qui ont mené en 1910 à la création du rayonnisme, avec son compagnon, le peintre Mikhail Larionov : « Le style rayonniste que nous proposons, a pour base les formes spatiales qui surgissent à l'intersection des rayons réfléchis par différents objets, choisis volontairement par l'artiste. Par convention, le rayon sera représenté sur une surface par une ligne colorée. » (Gontcharova et Larionov, Manifeste du Rayonnisme, 1912). 
L’artiste cherche à transmettre au spectateur, qui selon les futuristes « se trouve désormais « au centre du tableau », la sensation intense d’aveuglement provoquée par une lumière brusque émise à travers le globe violet d’un luminaire. La vibration lumineuse dédouble l’objet d’où partent des faisceaux, mêlant les deux à des images rémanentes. Le violet, couleur complémentaire du jaune, contraste avec les cercles lumineux vibrants sur un fond noir. À droite de la composition, Gontcharova introduit un réseau d’arabesques noires et sinueuses, évoquant le style Art nouveau de la lampe tulipe ou une portée musicale. Ces courbes apportent une subtile stabilité à cette atmosphère dynamique.