Plantation de pommes de terre

Cette scène paysanne met en valeur le travail des femmes. Pieds nus, six paysannes animent le premier plan, affairées au ramassage des pommes de terre. Variées, les postures des femmes montrent l’ensemble des tâches et se font écho au sein de ce travail collectif. Une seule nous regarde, comme surprise dans son travail. Une autre, debout et de profil, les bras ballants, regarde le ciel avec un léger sourire. Au loin, un homme et une femme travaillent la terre ensemble. 
Disproportionnés par rapport aux corps, les pieds sont épais. En les peignant nus et larges, Natalia Gontcharova souligne avec force l’enracinement de ces femmes dans le territoire. Ces figures sont empreintes d'un primitivisme propre aux avant-gardes russes du début du 20^e siècle, qui étaient convaincues de la nécéssité pour l'art moderne de se ressourcer dans la culture vernaculaire sans pour autant négliger l'apport  de la modernité venue d'Europe occidentale.
Inspirée par la peinture de Gauguin qu'elle a découvert en 1906, Gontcharova inscrit ses personnages dans un paysage où les formes et les couleurs s’imbriquent les unes dans les autres. Dans cette composition, elle accentue les angles, souligne les contours et stylise les corps, à la manière des œuvres de Cézanne, que Gontcharova a pu voir dans la collection personnelle de l'industriel et mécène Sergueï Chtchoukine à Moscou.  
Enfant, elle a séjourné régulièrement à la campagne au sud de la capitale russe, dans la propriété de sa grand-mère. Elle aime retrouver les rythmes du travail et les fêtes paysannes. Ce tableau s’inscrit dans une série d’œuvres au thème champêtre, une ode au travail de la terre, baignée de spiritualité et de solidarité. L’artiste tisse ainsi des liens forts entre les paysannes, leur environnement et elle-même.