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L'Espagnole à l'éventail

[vers 1920]

Natalia Gontcharova

L’origine de ce thème remonte au séjour de Natalia Gontcharova et de Mikhaïl Larionov à San Sebastian, avec les Ballets Russes à l’été 1916. Gontcharova réalise ce dessin pour le ballet España, d’après la Rhapsodie espagnole de Maurice Ravel, qui finalement ne sera pas mis en scène. Aucun des pays visités lors de cette tournée ne marque autant Gontcharova que l’Espagne. L’artiste décline inlassablement le thème de la femme espagnole. Sur une grande variété de panneaux verticaux, les portraits sont pourvus d’attributs : peignes, éventails, châles, étoffes fleuries et mantilles en dentelle. Ces femmes comparées par des critiques d'art à des « cathédrales », rappelent les statues aux plis empesés ou certains reliefs en dentelle de pierre. Repris dans ce tableau produit au début des années 1920, L’Espagnole à l’éventail est une composition qui obéit à une grille cubiste. Austère et impassible, la figure de l’Espagnole, semblable à l’expression figée de la vierge dans une icône russe, apparait ou disparait au gré du déploiement de ses accessoires. Rappelant des motifs au pochoir, des fleurs parsèment ses vêtements, sa coiffe ainsi que les éléments décoratifs qui l’entourent. Dans ce décor fleuri et texturé qui s’apparente à un paravent, seuls l’éventail et la main s’animent d’un léger mouvement rotatif. L’emploi exclusif des blancs, des gris et des ocres manifeste l’influence de la peinture espagnole. Au dos de ce tableau figure une annotation sur le cadre, « pas à vendre ». Cette œuvre sera pourtant vendue en 1951 pour subvenir aux besoins de Larionov et Gontcharova qui se trouvent alors dans la précarité.