Sophie Taeuber-Arp
Tête Dada, 1920
Ce n'est qu'en entrant en nous-mêmes et en essayant d'être entièrement fidèles à nous-mêmes que nous parviendrons à créer des choses de valeur, des êtres vivants, et ainsi à développer un nouveau style qui nous convient.*
Artiste pluridisciplinaire, Sophie Taeuber-Arp est l’autrice d’une œuvre multiforme. Elle investit tous les champs de la création, abolissant toute hiérarchie entre les beaux-arts et les arts appliqués. Très tôt intéressée par les cultures extra-occidentales, elle développe un vocabulaire de formes et de motifs inspirés des « arts lointains » selon la formule du critique d’art et collectionneur Félix Fénéon.
Membre de Dada dès son éclosion à Zurich, elle se forme à la danse auprès du célèbre chorégraphe Rudolf von Laban et prend une part active aux spectacles du Cabaret Voltaire. En 1918, elle adhère au groupe Das Neue Leben (La nouvelle vie) dont l’objectif est d’intégrer l'art abstrait dans la vie quotidienne. Cette même année, elle réalise ses premières têtes en bois tourné parées d’aplats de couleur.
Dernière de la série en 1920, cette Tête dada a valeur de manifeste. Pour preuve, c’est la seule à comporter le titre, la date et la signature de l’artiste. L’inscription « Dada » vaut affirmation de l’appartenance à un mouvement réticent à accepter les femmes.
C’est aussi une forme d’autoportrait : attestant l’importance que Taeuber-Arp accorde à cette œuvre, trois photographies la montrent cachant à moitié son visage derrière cette tête.
Les motifs géométriques qui la recouvrent découlent directement de Composition dada (Tête au plat) et s’intègrent à la surface de l’objet. Le strict vocabulaire, avec les lignes verticales, horizontales, obliques, arcs de cercle et rectangles et la palette restreinte, reflètent l’influence du cubisme tout en affirmant une esthétique propre, libérée des conventions traditionnelles. Tête dada témoigne également de la proximité du dadaïsme zurichois avec le constructivisme naissant en Union soviétique et avec le mouvement néerlandais De Stijl.
*Sophie Taeuber-Arp, 1922, p. 157, dans Sophie Taeuber. Rythmes plastiques, réalités architecturales, Clamart : Fondation Arp, 2007.
Sophie Taeuber-Arp en 7 dates
1889 Nait à Davos (Suisse)
1910-1912 Étudie dans les ateliers expérimentaux de Hermann Obrist et de Wilhem von Debschitz à Munich
1922 Épouse Hans Arp rencontré en 1915
1926-1928 Crée l’aménagement et le décor d'un complexe de loisirs à Strasbourg, l’Aubette
1929 S’installe avec Arp à Clamart dans la maison-atelier qu’elle a conçue
1942 Retourne en Suisse dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale
1943 Meurt accidentellement à Zurich, asphyxiée par son poêle à bois
Pour aller plus loin
Podcast
- Sophie Taeuber-Arp
Série de 6 podcasts de 15 min.
Produits par le Palais des beaux-arts de Bruxelles, 2024
- Sur la route avec...Sophie Taeuber-Arp et Jean Arp à Strasbourg
Après avoir participé au mouvement dada au Cabaret Voltaire en 1916, le couple d’artistes concrétise sa vision de la modernité par le projet de décoration du restaurant-ciné-dancing L’Aubette.
Avec la participation de Angela Lampe, conservatrice au Musée national d'art moderne.
Un podcast, une œuvre, Hors série, été 2020
Produit par le Centre Pompidou
Durée : 13min.
Vidéo
Sophie Taeuber-Arp, Tapisserie Dada, 1916
Durée : 2'45''
Épisode de la série Pionniers, pionnières
Production Centre Pompidou, 2020