La programmation cinéma du Centre Pompidou

Recommencer
 

La rénovation, le déploiement hors les murs puis la réouverture du Centre Pompidou en 2030 offrent la possibilité, rare et précieuse, de recommencer : recommencer le Centre Pompidou (une aventure), riches de tout ce qui le constitue, du trésor de son histoire, et libres de l’inventer autrement, d’emprunter de nouvelles voies.

Jusqu’en 2030, les différentes initiatives hors du bâtiment emblématique sont autant de laboratoires pour se déplacer, expérimenter, apprendre, s’ouvrir plutôt que fermer. L’installation des cinémas et ponctuellement de programmes associés de parole et de spectacles vivants du Centre Pompidou au mk2 Bibliothèque côté BnF-François Mitterrand, réaménagé et rebaptisé mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou, inaugure l’un de ces laboratoires autour des images en mouvement.

Dans ce nouveau lieu, avec de nouveaux voisins et visiteurs, les cinémas du Centre Pompidou apportent leurs objets, pour découvrir, habiter et partager différemment.

Les premiers programmes que nous déployons au mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou transportent chacun une part de ce qui nous constitue – de la création moderne et contemporaine articulée aux mouvements de la société et de la pensée à toutes formes de dialogue, de circulation ou de frottement interdisciplinaires.

La rétrospective intégrale consacrée à Radu Jude (Kontinental ’25, N’attendez pas trop de la fin du monde, Bad Luck Banging or Loony Porn) ouvre les lieux, à partir du 23 septembre, juste après le finissage de la dernière exposition au Centre Pompidou, conçue par Wolfgang Tillmans. L’œuvre fulminante et libératrice du cinéaste roumain est avant-gardiste parce qu’aux prises avec les emballements fous d’un présent malade qu’elle ne craint pas d’affronter et de provoquer pour le dépasser.

Ses plus de 28 films traversent la fiction, le document, l’archive, l’essai, comme le temps qu’ils font résonner aussi avec le passé, celui du 20^e siècle européen.

En cette année de centenaire de Gilles Deleuze, une semaine débute le 5 novembre avec un colloque à l’Université Paris 8 et une escale à la FEMIS, avant de rejoindre le mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou et la BnF, du 7 au 9 novembre, pour y proposer un inventaire actuel de la pensée du philosophe. Conférences, projections, performances, lectures, séances d’écoute, atelier restituent et fêtent tout au long du week-end le mouvement des idées et la création de concepts.
La Cinémathèque idéale des banlieues du monde, que le Centre Pompidou et les Ateliers Médicis développent ensemble depuis quatre ans sur une idée d’Alice Diop, se consacre aux images et aux cinéastes issus des périphéries à travers un catalogue de films, une plateforme en ligne, des programmations en tous lieux, un workshop et des bourses pour accompagner et soutenir la jeune création, la collaboration à la restauration de films et une résidence pour préserver le patrimoine cinématographique des banlieues. Du 14 au 17 novembre, entre le mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou dans le 13^e arrondissement et le tout nouveau cinéma Alice Guy à Bobigny, elle partage au fil de projections, rencontres, séminaire et performances des œuvres, des artistes, des territoires trop peu ou mal représentés et traverse avec eux les questions qui l’animent : qu’est-ce qu’un film, un et une cinéaste de banlieue ? Qui a le droit de faire trace ?

À partir du 28 novembre, l’œuvre plurielle du cinéaste, peintre, écrivain et jardinier Derek Jarman, présent dans les collections du Centre Pompidou, figure de l’avant-garde et de l’underground anglais des années 1980, militant des droits homosexuels et pionnier de la culture queer à l’époque du conservatisme thatchérien, déploie ses fastes et fureurs visionnaires.

Un automne qui se veut un viatique, pour la route.

Judith Revault d’Allonnes
Responsable du service des cinémas, département culture et création, Centre Pompidou