Wilfried Minks, scénographe

Cette exposition est consacrée au scénographe allemand Wilfried Minks. Le parcours scénique conçu par Minks lui-même et présenté dans le Grand Foyer du Centre Georges Pompidou rassemble : maquettes, dessins, photographies et vidéos de ses réalisations, des années 60 à nos jours.

Après avoir fait ses armes au théêtre d'Ulm, Minks s'installe à Brême (1962-1973), lieu de l'innovation la plus importante pour le théâtre en République fédérale allemande au cours des cinquante dernières années. Il imprime sa marque à nombre de mises en scène de Kurt Hübner, Peter Zadek, Pater Palitzsch, Stein, Grüber et Fassbinder, et en fait des événements esthétiques.

Scénographe, metteur en scène, réalisateur, Wilfried Minks enseigne la scénographie à l’académie des arts plastiques de Hambourg dès 1967. Il conçoit le pavillon allemand de l’exposition universelle à Osaka (Japon) en 1970 et en 1979, il écrit le scénario et réalise le film La naissance de la Sorcière. A partir des années 1970, Minks franchit le pas le menant de son activité de scénographe à celle de metteur en scène, et jusqu’en 1988 il n’élabore plus désormais que les scénographies de ses propres spectacles, pour reprendre ensuite des collaborations avec d’autres metteurs en scène.

[…] Minks comprend l’essence de l’imaginaire. Sa façon pragmatique de travailler le rend par ailleurs très allemand : cet artisan est capable de faire comprendre ce qu’il veut à n’importe quel machiniste, peintre, menuisier. Il propose ordre, et plus encore, complétude. Minks est également moraliste. Quand il fit son entrée à la fin des années 50, il débarrassa la scène des éléments décoratifs hideux qui l’encombraient alors. Ses espaces étaient (et sont) tout ensemble poétiques et fonctionnels, apaisés en leur centre, créant une tension où se mêlent gaieté et rigueur.

On ne mesure pas encore son influence sur la scénographie en Allemagne et en Europe, même s’il incarne une rupture comparable à celle de Craig au début du siècle. Aucun de ses nombreux élèves (Eric Wonder, Karl Ernst Hermann, Rolf Glittenberg entre autres) ne l’a dépassé jusqu’ici. Que Wilfried Minks nous montre encore longtemps ce qui l’être et l’essence du théâtre !

D’après Peter Zadek, Le Magazine, n°81, 15 mai-15 juillet 1994