Malcolm Morley

Cette exposition est consacrée au peintre et sculpteur américain d’origine britannique Malcolm Morley. Il s’agit de la première rétrospective en France de l’artiste rattaché au courant hyperréaliste.

[ …] Durant les années soixante se fixent les grandes lignes de son œuvre, tant dans le choix des sujets – batailles navales, marins, vues d’océan, plages, croisières, vacances – que dans le traitement pictural : une discussion avec Richard Artschwager le pousse à utiliser le procédé de la grille (ce que faisait déjà ce dernier dans ses œuvres sur cellotex) pour « mettre au carreau » l’image à reproduire. [ …]

Le travail de Morley peut être défini selon deux axes que l’on appellera – du strict point de vue technique et sans jeu de mot aucun – la « copie de la reproduction de la réalité » et la « reproduction de la copie de la réalité ».

En effet, pendant une période Morley copie fidèlement les sujets de la réalité non à partir d’elle-même, mais d’après sa reproduction photographique. […] Par la suite, il réalise des aquarelles à partir de ces images types du bien-être et du loisir, qui sont à leur tour considérées comme le « sujet » à reproduire sur la toile. […]

Cette œuvre à la fois auto-référentielle et réaliste – puisqu’elle ne présente que la seule cohérence de ses jeux et structures tout en représentant des scènes du quotidien – n’est pas une trouvaille formaliste de plus, mais tente de déterminer à partir de quel moment nous passons dans la fiction de l’art, et en quoi cette fiction peut devenir une autre réalité, non moins riche de sens pour nous. […]

D’après Jacinto Lageira, Le Magazine, n°75, 15 mai-15 juillet 1993