Fluxus by Chance

Fluxus naît au tournant des années 1950 et 1960 du rapprochement d’artistes qui n’en sont pas, mais le deviennent par émulation. George Brecht est chimiste avant d’être artiste. Robert Filliou est économiste avant d’être artiste. La Monte Young est musicien avant d’être artiste. Emmett Williams est anthropologue avant d’être artiste. George Maciunas est graphiste (et daltonien) avant d’être artiste, etc. Leurs expériences individuelles offrent un large potentiel expérimental à partager car Fluxus est une aventure collective, cosmopolite et participative. Elle tend, notamment à travers l’événement et le jeu, à éliminer frontière et hiérarchie entre public et artiste. Maciunas trouve le nom pour ce groupement en formation.

Fluxus vient du mot flux et l’activisme Fluxus se répand au gré de festivals, avec la publication de revues et d’éditions très diverses, prônant au fond un art sans œuvre et sans virtuosité, contre la survalorisation persistante de l’objet d’art autographe, dont l’excellence présumée tiendrait à son unicité, même après Duchamp. Fluxus anticipe à cet égard l’art conceptuel.

L’exposition déborde sur l’antécédent Dada et quelques héritiers naturels comme Jonathan Monk et Claude Closky. Elle rend aussi hommage à Huang Yong Ping, dadaïste autoproclamé, et à Geng Jianyi, professeur influent à la China Academy of Fine Arts qui, télépathiquement au moins, ne pouvait ignorer Fluxus.