Picasso - Afrique, état d'esprit

L'exposition Picasso - Afrique, état d'esprit a pour objectif de montrer les correspondances entre la sculpture de Picasso et la sculpture africaine. Elle se composera de sculptures de Picasso et d'environ vingt-cinq sculptures africaines que Picasso n'a jamais pu voir, ni dans un musée, ni dans une collection, ni dans un livre, et dont il ignorait jusqu'au style. Cette confrontation dira suffisamment par elle-même qu'il peut exister, au-delà de toute référence, un état d'esprit semblable entre des artistes africains et un artiste comme Picasso.

L'intuition géniale de Picasso était d'absorber tout ce qui passait dans son champ de vision : la sculpture africaine, océanienne, mais aussi l'art roman, catalan, l'art des Celtes, des Ibères, l'Egypte, Velasquez, Ingres, Braque... et de "recracher" tout cet inventaire sous la forme d'un déluge de questions et de solutions plastiques originales, comme peut-être aucun autre artiste, jamais et nulle part ailleurs, n'a pu le faire. Aussi cette phrase de Pablo Neruda, applicable également à Picasso sculpteur, est-elle extrêmement juste : "Ce peintre contient en lui les meilleurs peintres ayant existé dans le monde".
Tremplin pour des artistes tels que Picasso ou Brancusi, l'art africain n'est donc en aucun cas un modèle. Aimer, ou sentir, ne signifie pas copier. Si l'on peut parler de rencontre, il s'agit d'une rencontre fortuite, révélatrice, de part et d'autre, d'une immense puissance de création.
Bien que les sculptures africaines soient de la main de plusieurs artistes, toutes les oeuvres présentées ici sont exemplaires ; il y a, dans chacune d'elles, une invention dans les articulations, les proportions, l'utilisation du vide, l'art du détournement... Les sculpteurs africains ont fait preuve d'un courage exemplaire car ils se trouvaient dans un contexte social et culturel très académique, et il leur fallu prendre énormément de risques pour sortir de ce cadre traditionnel.

Le parcours de cette exposition permettra au public de mieux saisir tout ce que nous devons à Picasso dans le regard que nous portons sur la sculpture africaine et, réciproquement, tout ce que nous devons à la sculpture africaine dans le regard que nous portons sur Picasso.