Jean Vilar au présent

A l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort, se souvenir de Jean Vilar, c’est aussi et surtout être attentif à l’apport prodigieux au théâtre qui fut le sien, en tant qu'acteur, metteur en scène, directeur de théâtre – le célèbre Théâtre national populaire (TNP) –, créateur du Festival d’Avignon. Et tenter d’en tirer des enseignements pour l’avenir.

Jean Vilar a, pour le théâtre, catalysé et fait mûrir les élans [des mouvements de culture populaire qui ont été amorcés par le Front populaire en 36 et ont pris leur élan à la Libération]. Mais il n’a réussi que parce qu’il était avant tout un créateur, dont l’éthique et l’esthétique se rejoignaient. Ni démagogue, ni boy-scout, ni pédagogue, il poursuivait son chemin propre, appuyé sur un instrument tout entier construit suivant des principes et des règles qui n’avaient jusqu’alors jamais été mis en pratique dans un théâtre national [ : une administration ; une troupe ; un style de mise en scène ; une morale].

Une volonté de présenter des œuvres traitant des problèmes de la cité, dans une mise en scène qui rende claire la leçon de l’œuvre, sans complaisance et sans didactisme. « Convaincre sans humilier l’œuvre choisie. L’éclairer et non l’endimancher. Evitant de l’encanailler, la rendre belle et accessible à tous », écrit Jean Vilar.

Parmi les nombreuses manifestations prévues au Centre Georges Pompidou, trois journées préparées, en collaboration avec Denis Bablet, par Sonia Debeauvais, qui fut chargée des relations avec le public au TNP, fonction alors nouvelle dans le métier de la scène, mais dont on mesure maintenant l’importance.

D’après Sonia Debeauvais, Le Magazine, n°62, 15 mars-15 mai 1991

Exposition réalisée en collaboration avec la Maison Jean Vilar d’Avignon.