Star Spangled to Death (Part. 3)

Film-monstre, film-monde, Star Spangled to Death (1957-2004) échappe à toute norme – de durée comme de forme. Assemblé sur près d’un demi-siècle, de 1957 au début des années 2000, comme un organisme vivant, cette œuvre monumentale de Jacobs se nourrit de matériaux hétéroclites, films trouvés, performances de rue, cartoons, archives politiques ou fragments tournés avec des figures tutélaires de l'underground, Jack Smith ou Jerry Sims.

Jacobs y brosse une chronique acide de l’Amérique, des années Eisenhower à l’ère Bush, où la culture populaire, livrée telle quelle, se condamne elle-même. Ni manifeste avant-gardiste ni geste formaliste, le film est une excavation : le cinéaste explore la matière grotesque, sentimentale ou vulgaire du cinéma commercial, révélant une nation « volée et dangereusement vendue », selon ses propres mots. Tour à tour hilarant, désespéré, furieux ou tendre, Star Spangled to Death expose la violence structurelle d’un pays saturé d’images qui façonnent et dévorent ses citoyens. Monument politique et poétique du cinéma underground new-yorkais, il demeure l’une des œuvres les plus lucides jamais consacrées aux États-Unis.