Artiste/personnalité
Jean Dubuffet
Peintre, Sculpteur

Jean Dubuffet
Peintre, Sculpteur
Nationalité française
Naissance : 1901, Le Havre (Seine-Maritime, France)
Décès : 1985, Paris (France)
© Adagp, Paris
Biographie
Peintre, sculpteur, musicien, architecte, poète, théoricien, Jean Dubuffet est un artiste pluridisciplinaire qui traverse les années 1950 à 1980 en restant fidèle à une liberté absolue dans toute sa création et en se démarquant de tous les mouvements d’avant-garde de son époque. Il use de toutes les techniques et de toutes les dimensions pour dépoussiérer la culture académique. Il est consacré comme le père de l’Art brut, un mouvement artistique qui prône une expression libre. Son art se caractérise par une volonté de changer radicalement les règles et de se débarrasser de tous les carcans qui contraignent l’art moderne.
Jean Dubuffet naît en 1901 dans une famille bourgeoise. Très tôt, il se désintéresse des études, préférant se consacrer au dessin. Il suit une formation à l’école des Beaux-Arts du Havre, sa ville natale et parfait son apprentissage auprès de l’artiste Hélène Guinepied. De ses cours, Dubuffet retient la méthode Helguy, qui revendique l’expression libre et une grande créativité. Après un bref passage par l’Académie Jullian, Dubuffet ouvre son atelier à Paris. Il peint seul et côtoie Suzanne Valadon et Max Jacob. Il rencontre André Masson, Fernand Léger, Juan Gris.
Après la Première Guerre mondiale et jusqu’en 1931, Dubuffet ne peint presque plus et reprend l’affaire paternelle de négoce de vins. Déçu par les propositions de ses contemporains et conscient qu’un bouleversement est en cours dans la peinture occidentale, il cherche la voie qui puisse le satisfaire.
Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Dubuffet est mobilisé à Paris puis envoyé à Rochefort pour indiscipline avant d’être démobilisé. En 1942, il revient définitivement à la peinture. Il cherche à peindre avec véracité dans sa série de gouaches sur le métro parisien . Il opte pour un trait maladroit et le dessin naïf des enfants.
En 1944, il présente sa première exposition personnelle à la galerie René Drouin (Paris). Le trait sauvage de Dubuffet peine à conquérir le grand public mais convainc les amateurs. Avec ses productions matiéristes et informelles, il transgresse toutes les normes artistiques et esthétiques établies, et renouvelle en profondeur le vocabulaire figuratif. Dès cette exposition, Dubuffet marque sa désapprobation pour la culture académique. Il ouvre la voie à une approche de la création qui aspire à libérer l’art de l’ « asphyxiante culture » (titre d’un essai qu’il signe en 1968). Il donne un nom à un mouvement qui fera sa renommée, l’« art brut ». Cet « art brut » se caractérise par une volonté de faire fi de tout code académique, de ne plus s’encombrer de références artistiques. Ce mouvement prône donc la spontanéité au détriment de tout académisme. Les matériaux deviennent rugueux, les formes abruptes.
Dubuffet ne cesse de remettre en cause les représentations classiques. Il s’intéresse aux portraits, pour en proposer une version crue et se focalisant davantage sur la matière employée que sur le sujet représenté. Il reproduit ces expérimentations lorsqu’il mène, tout au long des années 1950, un travail sur les corps féminins grotesques. À ce titre, la matière intéresse grandement Dubuffet qui utilise des matériaux divers : sable, gravier, goudron, plâtre, chanvre, petits morceaux de miroirs ou de verres de couleur, Ripolin, Duco, torchis, etc. Il emploie ensuite divers outils comme une truelle ou une cuillère à soupe, un grattoir, un couteau, avec une brosse métallique ou avec ses doigts.
À partir de la fin des années 1950, Dubuffet s’intéresse également aux œuvres monumentales et aux installations en plein air. Avec son Jardin d’Hiver, il crée une œuvre tridimensionnelle dans laquelle le visiteur peut entrer. À l’intérieur, le jeu de tracés rejoint la volonté de l’artiste de tricher avec la vérité.
Le Museum of Modern Art de New York lui dédie une rétrospective de février à avril 1962. Il meurt en 1985. Reconnu comme l’un des pionniers de l’art brut, Dubuffet aura marqué son époque par sa volonté jamais démentie de détruire les codes culturels, qu’il juge poussiéreux.